À l’instar de nombreux pays développés, la France est un pays vieillissant qui se caractérise par une hausse croissante du nombre de retraités par rapport au nombre de cotisants. Le niveau futur des pensions de retraite sera impacté par une érosion substantielle si le système actuel de répartition est maintenu. Dans ce contexte, on peut imaginer un système complémentaire de retraite par capitalisation afin de compenser la baisse des prestations délivrées par répartition.
Une étude réalisée en 2017, conjointement avec Audrey Desbonnet, a déjà fait l’objet de présentations dans le cadre de séminaires de la Chaire. Cette étude a pour socle la conception d’un modèle privilégiant la pérennisation des retraites par l’introduction d’une épargne collective et obligatoire. Élément d’ordre prémonitoire, le cadre de l’étude considère pour acquis la convergence des régimes de retraite.
Pour construire ce modèle théorique, nous avons été conduits à distinguer les catégories socioprofessionnelles et à décrire différents scénarios. Nos travaux montrent qu’une surcotisation de 3 % limiterait de moitié la baisse des pensions. Le scénario de référence est celui dans lequel est maintenu constant le taux de répartition et pour lequel les intérêts bruts représentent 10 % des prestations reversées à long terme.
Le modèle étalonne plusieurs paramètres et montre que les gains induits ne sont pas homogènes pour toutes les catégories sociales étudiées. Les perdants sont les ménages à revenu modeste, alors que les gagnants sont les personnes qui perçoivent les plus hauts revenus, ceci en raison de la corrélation avec une espérance de vie plus longue. La proportion des perdants est plus élevée lorsque l'on procède à des estimations sur des variantes pour lesquelles le rendement est plus faible (inférieur à 3 %).
Plus généralement, il apparaît qu’aucun scénario n’est avantageux pour l’ensemble de la population. En revanche, notre modèle indique que l’ajustement de l’âge du départ à la retraite permet de limiter la proportion des perdants durant la phase de constitution du fonds.
En résumé, l’étude souligne l’apport d’un fonds de capitalisation collectif et obligatoire, d'une part pour compenser la baisse de rendement du régime par répartition et, d'autre part, pour doper la compétitivité de l’économie nationale. Le fonds souverain ainsi conçu pouvant atteindre la valeur de 1 400 milliards d’euros, soit l’équivalent de 70 % du PIB actuel, entrainerait une expansion significative de l’investissement de long terme des entreprises, grandes ou moyennes.