Brièvement, d'abord, je tiens à souligner que l'étude présentée par Alain Villemeur et Mathieu Noguès propose une photographie très utile, j'oserai dire « décapante » de la question qui nous est posée. Une fois cela avancé, il est intéressant de débattre de la convergence à partir des deux qualificatifs qui lui sont assignés, nécessaire mais difficile. On est à peu près certain que la mise en œuvre de la réforme sera difficile. La question de la nécessité mérite que l'on s'y attarde un instant. Le point de départ, c'est le programme présidentiel d’Emmanuel Macron qui posait un principe d'équité : « Un euro cotisé ouvre le même droit à pension pour tous ».
Quand on regarde les travaux produits par le Haut-Commissaire, on constate que ce principe a fait l’objet d’une traduction exprimée selon deux caractéristiques. La première, c'est l’ambiguïté sémantique qui, au fond, aboutirait à rendre notre système de retraite unique plutôt qu'universel. La seconde se rapporte à l'ambition d'aller vers une plate-forme qui soit à la fois plus lisible et plus opérable, permettant ainsi à nos concitoyens de se réconcilier avec un dispositif dont ils pressentent qu'il ne tiendra pas ses promesses ou qu'il ne pourra plus les tenir dans l’avenir.
À partir de ces éléments principiels, on se rend compte qu'il faut poser une équation politique. Quel doit être le sens de la transformation de notre système de retraite ? Doit-il garantir une unicité de réponse par le biais d’une harmonisation monolithique ou assurer une véritable transparence qui prenne en compte la diversité des situations ? Après avoir posé les termes du débat, un acte véritable politique s'exprimerait par la réduction substantielle du nombre des régimes et parallèlement par la stimulation d’une convergence réelle afin d'éviter, pour des situations professionnelles comparables, une dispersion de la protection sociale incompatible avec le principe d’équité.
On peut dès lors interroger le terme nécessaire en soulignant qu’une approche en silo reflète une vision trop étroite. En réalité, le projet de réforme du système de retraite favorise la prise de conscience que son périmètre excède celui dans lequel elle semble circonscrite. Car, si elle intéresse de manière générale la question du pouvoir d'achat de tous nos concitoyens, la réforme est percutée par le vieillissement de la population, lequel appelle des besoins de financement extrêmement importants. C'est pourquoi, je formule le vœu d'une articulation ambitieuse des différents défis. J’adhère à l’objectif d'aller vers un système de protection sociale sans doute solidaire, sans doute universel, sans doute contingent de la diversité des réalités professionnelles, mais j’aspire à une résolution des enjeux plus « personnaliste », c'est-à-dire capable d'intégrer la dimension du choix, rendant du même coup inadaptée une option de conception « industrielle » de la transformation du système de retraite.